28 mai 2022

Nécrologie de Paul Cleave

La vie de Theodore Tate a complètement basculé, il y a deux ans, lorsque sa femme et sa fille de six ans ont été fauchées par un chauffard alcoolisé. Sa femme, qui a réchappé de l'accident, est depuis dans un état catatonique. Ancien flic désormais reconverti en détective privé, il est mandaté pour superviser l'exhumation de Henry Martins, un directeur de banque décédé à la même époque.

Cependant, suite à un glissement de terrain dû à des pluies torrentielles, trois corps remontent à la surface du lac qui jouxte le cimetière de Christchurch en Nouvelle-Zélande. Bruce Alderman, le gardien prend alors la fuite à bord d'une camionnette.

Dans le cercueil déterré, on découvre par ailleurs le cadavre d'une jeune femme à la place du banquier. Tate décide de mener sa propre enquête et grâce à une inscription sur la bague de la victime, il parvient à découvrir son identité.


Mon avis :

Cette sordide intrigue se déroule essentiellement autour de ce cimetière et plus particulièrement autour du père Julian qui adore visiblement cultiver les secrets et pas seulement ceux entendus en confession.

Theodore Tate (le narrateur), brisé par un drame familial, est devenu un homme tourmenté, désabusé, capable de franchir la ligne rouge. Lui aussi cache un terrible secret. Il sombre peu à peu dans l'alcool. Le lecteur assiste impuissant à sa déchéance et se perd dans ces errances au risque de décrocher parfois à cause de certaines longueurs.

Cette histoire n'est certes pas facile car elle aborde de douloureux thèmes. Et quelques petites pointes d'humour noir auraient peut-être pu dédramatiser certaines situations. C'est ce qui m'avait d'ailleurs beaucoup plu dans "Un employé modèle" (On notera au passage les petits clins d'œil faits au Boucher dans "Nécrologie"). Malheureusement, je n'ai pas retrouvé ici ce ton caustique qui aurait pu m'arracher quelques sourires en coin.

Avec son premier roman, Paul Cleave avait mis la barre très haut et je m'attendais sûrement à ce qu'il récidive. D'où ma légère déception. Il n'en reste pas moins que le livre est dans son ensemble convenable avec un dénouement surprenant.

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Publié chez Le Livre de Poche (N°33230) en 2014
Titre original : Cemetery lake
Traduit de l'anglais par Fabrice Pointeau
Code ISBN : 978-2-253-16499-9

Site de l'auteur : www.paulcleave.com

Note : ♥️♥️♥️🤍🤍

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15 mai 2022

L'empereur blanc d'Armelle Carbonel

Bienvenue à Crescent House, une vieille demeure délabrée située dans un trou perdu en Arkansas où, en 1965, un drame horrible est survenu. Billy Ellison, un écrivain noir et Myra sa femme - qui, elle, est blanche - y ont en effet péri dans un incendie déclenché par des membres du Ku Klux Klan.

Anton, l'actuel propriétaire, a invité quatre de ses collègues auteurs de romans noirs pour un atelier d'écriture. Car quoi de mieux que cet endroit lugubre où les fantômes du passé hantent encore les murs pour trouver l'inspiration, stimuler sa créativité ? Malheureusement, avant même l'arrivée des autres, Dan se retrouve séquestré quelque part dans la maison.

Pendant ce temps-là, dans la ville voisine de Shannon Hills, la famille Appermind est sauvagement assassinée. Y aurait-il un rapport entre ses deux affaires ? C'est ce que va essayer de découvrir l'officier Dudley.


Mon avis :

Dans la première partie, le lecteur est plongé dans l'atmosphère bien flippante d'un film d'épouvante. On y retrouve d'ailleurs tous les codes du genre : la maison isolée en pleine tempête avec un passé bien macabre; la porte accédant aux combles qui est condamnée et qu'on a envie de franchir tellement on veut savoir quel secret se cache derrière; la présence d'un miroir brisé, symbole même du passage vers un autre monde.

Il y a ensuite cette sensation des personnages d'être constamment épiés, en danger, les suspicions qui s'installent. Bref, la tension est à son maximum et on tremble de peur pour eux. Un huis clos vraiment angoissant, anxiogène où on se demande qui va être la prochaine victime.

La deuxième partie, quant à elle, est totalement axée sur l'enquête policière. Un des personnages qui a réchappé est hospitalisé. Le récit devient alors plus ancré dans le réel, le rationnel avec la recherche de preuves concrètes. Tout le contraire de la première partie où on flirtait parfois avec le surnaturel, le paranormal à cause de certains événements inexplicables.

Enfin, les incursions dans les années 60-70 avec pour toile de fond le racisme, nous apportent, elles aussi, des éléments nous permettant de comprendre ce qui s'est réellement passé à Crescent House de nos jours. Et quand peu à peu on devine ce que le destin tragique de Billy Ellison a engendré, on se dit qu'Armelle Carbonel nous a bien manipulés. Et ce qui paraissait jusque là inexplicable, incohérent prend alors tout son sens.

Au final, elle nous délivre un incroyable thriller psychologique. A lire absolument.

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Publié chez Le Livre de poche (N°36422) en 2022
Code ISBN : 978-2-253-10771-2
Éditeur d'origine : Fayard
Page officielle de l'auteur sur Facebook

Note : ❤️❤️❤️❤️🧡

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05 mai 2022

Les cathédrales du vide de Henri Lœvenbruck

Mis en arrêt maladie après l'affaire des carnets de Villard de Honnecourt (Voir Le rasoir d'Ockham), Ari Mackenzie passe ses journées à enchaîner les whiskys au bar du coin. En rentrant chez lui un soir, il constate que son appartement a été visité et apprend que ceux de ses amis aussi. Il a une petite idée de qui pourrait être derrière ces infractions et décide de mener officieusement sa propre enquête.

Grâce à sa collègue des RG, Iris Michotte, il va découvrir que cet homme est à la tête d'une ONG environnementale aux agissements opaques. Charles Flynch, un géologue qui travaillait pour le site basé au cœur de la forêt amazonienne est assassiné. Viendra bientôt le tour de Sandrine Monney et de son assistant, deux employés de l'ONU à Genève.


Mon avis :

"Les cathédrales du vide" est la suite du roman "Le rasoir d'Ockham". Difficile donc d'en faire le résumé sans trop en dévoiler. Car même s'il peut être lu indépendamment, ce livre fait toutefois référence à des éléments concernant la résolution de l'enquête précédente et à un personnage auquel Ari a été confronté et qu'on va retrouver ici.

Tout ce que je peux dire, c'est que, dans ce deuxième opus, il y a encore une fois tous les ingrédients pour passer un bon moment. Les scènes d'action sont toujours aussi spectaculaires et on se demande toujours comment les héros ont pu en réchapper.

Au delà du côté ésotérique, Henri Loevenbruck aborde aussi des sujets très sérieux comme celui de l'exploitation (disons plutôt le pillage) des sous-sols qui regorgent de ressources naturelles intéressantes. Tel le coltan, ce minerai extrait dans la province du Kivu en République Démocratique du Congo et très prisé par les industries de pointe dans la fabrication de condensateurs d'ordinateurs et téléphones portables.

Enfin, grâce aux confidences - disséminées tout au long de l'histoire principale - de Nicolas Flamel, un libraire écrivain du XIVème siècle devenu alchimiste, le lecteur trouve des réponses à plusieurs questions laissées en suspens.


Les enquêtes d'Ari Mackenzie :
Tome 1 : Le rasoir d'Ockham
Tome 2 : Les cathédrales du vide
Tome 3 : Le mystère Fulcanelli

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Publié chez J'ai Lu (N°9387) en 2010
Code ISBN : 978-2-290-02466-9
Éditeur d'origine : Flammarion

Site de l'auteur : www.henriloevenbruck.com

Note : ❤️❤️❤️🧡🤍

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