06 mars 2023

Lire les morts de Jacob Ross

Mickael "Digger" Digson est témoin du passage à tabac d'un jeune écolier. Au lieu de faire comme s'il n'avait rien vu et de s'enfuir, il se penche sur la victime pour lui porter assistance. Malheureusement le garçon est mort. Il est alors interpellé par la police.

Comme la précision de son témoignage a permis l'arrestation des coupables, le commissaire Chilman lui propose alors d'intégrer son équipe. Après quelques hésitations, il finit par accepter car il pourra ainsi en parallèle enquêter sur la mort de sa mère en 1969.

Deux ans après son entrée dans les forces de l'ordre, Digger est envoyé en Angleterre pour suivre une formation en sciences forensiques et être désormais apte à "lire les morts". A son retour Chilman est parti à la retraite. Celui-ci lui confie le dossier de Nathan qui le hante depuis longtemps et toujours non résolu. Il lui demande par ailleurs d'engager Melle Stanislaus pour l'aider.

Leurs investigations vont bientôt les mener à l'église baptiste spirituelle des Enfants de la Licorne, dirigée par le révérend Bello, guérisseur et devin.


Mon avis :

L'histoire se déroule sur l'île imaginaire de Camaho grandement inspirée de la Grenade dont Jacob Ross est originaire.

Derrière ce cadre paradisiaque où les effluves de rhum vous titillent les narines à tous les coins de rue, se cachent des réalités bien plus sordides. En effet, la société que Jacob Ross nous dépeint est empreinte de misère, de tensions sociales, de corruption. A cela s'ajoutent aussi le poids d'un passé colonial, l'emprise de l'église sur les habitants, la violence envers les femmes...

Le livre est donc très intéressant de ce point de vue sociologique. Par contre, au niveau de l'intrigue policière, j'ai été un peu déçue. Plusieurs enquêtes sont menées à la fois. On perd facilement le fil d'autant plus que ces enquêtes sont entrecoupées d'histoires personnelles.

Concernant l'écriture : une note du traducteur nous explique que l'auteur a fait la part belle dans les dialogues au créole anglais et que, dans la version française, le défi a donc été de restituer ces propos intraduisibles littéralement grâce à différents procédés. Je ne sais pas si l'esprit original du roman a été entièrement respecté, toujours est-il que l'utilisation de créole guadeloupéen / martiniquais répond bien à ce souci d'authenticité voulu par l'auteur. Sur le coup, cela peut déstabiliser mais on s'y habitue très vite et la lecture reste tout à fait compréhensible.

Un roman à découvrir surtout pour son ambiance tropicale pas aussi idyllique.

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Publié chez 10/18 (N°5713) en 2021
Éditeur d'origine : Sonatine Éditions
Titre original : The bone readers
Traduit de l'anglais par Fabrice Pointeau
Code ISBN : 978-2-264-07749-3

Note : ❤️❤️❤️🤍🤍

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