28 novembre 2021

La reine de la Baltique de Viveca Sten

Sur une plage de l'île de Sandhamn au large de Stockholm, le cadavre d'un homme enchevêtré dans un filet est retrouvé. La victime s'appelle Krister Berggren et était employé au Systembolaget, le magasin d'État qui a le monopole de vente d'alcools. Visiblement, il a séjourné plusieurs mois dans l'eau. Serait-il tombé accidentellement d'un ferry ? Fort possible. Mais lorsque sa cousine Kicki est découverte dans une chambre d'hôtel morte empoisonnée, l'inspecteur Thomas Andreasson se pose beaucoup de questions. Ce ne peut être en effet une coïncidence !

Cette enquête va donc le conduire sur cette île qu'il connaît bien et lui donner aussi l'occasion de revoir son amie d'enfance, Nora Linde, une juriste d'entreprise, qui n'hésitera pas à lui apporter son aide dans sa recherche de la vérité.


Mon avis :

Viveca Sten nous distille au compte-goutte une intrigue policière plutôt classique dans un décor de rêve. C'est en se promenant sur une plage de Sandhamn où elle réside que l'idée de ce premier roman lui est venue.

Ici pas d'atmosphère angoissante, pas de scène violente comme on pourrait en trouver par exemple chez son confrère Ake Edwardson (voir Danse avec les anges).Pas de flic solitaire, alcoolique et tourmenté non plus. Au contraire, Thomas Andreasson et Nora Linde forment un duo d'enquêteurs très sympathiques. Certes, ils sont confrontés à quelques problèmes dans leur vie personnelle mais ceux-ci sont décrits juste ce qu'il faut sans sombrer dans un pathos extrême.

Une lecture détente ou pour adeptes de polar soft.

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Publié chez Le Livre de poche en 2014
Titre original : I de lugnaste vatten
Traduit du suédois par Rémi Cassaigne
Code ISBN : 978-2-253-00049-5

Site de l'auteur (en anglais) : www.vivecasten.com

Note : ❤️❤️❤️🤍🤍

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23 novembre 2021

Le bûcher de Moorea de Patrice Guirao

Sur le chemin qui mène à sa ferme, Naël Calaya renverse délibérément une vieille femme avec le fourgon qu'il a volé le matin même à Périgueux. Après l'avoir ramenée à l'intérieur, un jeune homme frappe à la porte. Celui-ci a remarqué des betteraves éparpillées sur la route et vient le signaler à Mme Kuckman. Naël, ennuyé par ce témoin gênant, décide purement et simplement de l'éliminer.

Alors qu'il est en train de mettre en scène son crime, une odeur fétide provenant de la cuisine lui titille soudain les narines. Et là, stupeur ! Horreur ! Il tombe sur le cadavre de son ex-femme, Ariane. Qui donc a pu la tuer ? Et que fait-elle surtout chez cette vieille femme ? En tous les cas, pas question de la laisser là. Changement de programme. Il décide d'embarquer les trois corps en Espagne et de les déposer derrière un transformateur où personne ne passe jamais. Puis, il prend l'avion, direction la Polynésie.

Pendant ce temps-là, sur l'île de Moorea au large de Tahiti, quatre corps disloqués et brûlés sur un bûcher sont découverts. Lilith, une jeune photographe et son amie journaliste, Maema se retrouvent à mener l'enquête.


Mon avis :

De cette lecture, je ressors un peu mitigée. Sûrement dû au titre et à la 4ème de couverture qui laissent supposer que cette histoire de bûcher est le sujet principal. Or, il n'en est rien. Très vite, elle est en effet parasitée par les pérégrinations de Naël, venu à Tahiti pour trouver des réponses au sujet de son ex-femme et donner un nouveau sens à sa vie. Naël qui, au passage, se balade avec un rat qui lui parle et de surcroît hyper cultivé grâce aux livres qu'il dévore (au sens propre du terme). Hallucinations, délires ? Plongée dans l'irrationnel, le surnaturel ? Ou simple matérialisation de sa "bonne conscience" dans cet animal qui semble bien réel puisque d'autres personnes le voient ? En tous les cas, cette personnification du rat ne m'a pas dérangée plus que ça. J'ai même trouvé les dialogues entre Naël et Gaspard (c'est son petit nom) truculents.

Les destins de Naël et Lilith vont donc finir par se croiser mais l'obsession tout d'un coup de ce psychopathe froid et méthodique pour la jeune femme va lui aussi monopoliser une partie du roman. Et je regrette alors que la résolution de l'enquête sur les meurtres de Moorea soit vite expédiée en quelques pages à la fin.

Malgré tout cela, le livre est pourtant intéressant sous bien des aspects. On y découvre ainsi les coutumes et traditions ancestrales, quelques mots de polynésien mais aussi une facette moins idyllique de l'île à travers les problèmes sociétaux auxquels elle est confrontée tels que le chômage, la drogue, la délinquance...

J'ai bien aimé aussi l'écriture de Patrice Guirao: à la fois très imagée, ce qui rend les descriptions de paysages très poétiques et les propos de Raymond, l'oncle de Lilith, d'une infinie sagesse et également très violente lorsqu'il s'agit des crimes.

Un livre, au final, atypique, loin des formats habituels où le lecteur a cette vague impression de déjà lu.

⚠️ Attention certaines scènes peuvent heurter les âmes sensibles.

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Publié par Pocket en 2020
Code ISBN : 978-2-266-30645-4

Note : ❤️❤️❤️❤️🤍

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21 novembre 2021

En compagnie du diable de Tess Gerritsen

Un grand cercle tracé à la craie rouge, cinq bougies noires, du sang partout, trois croix inversées et une inscription en latin sur un mur disant "J'ai péché" et surtout... le corps démembré de Lory-Ann Tucker. Voilà la scène de crime macabre qui attend l'inspectrice Jane Rizzoli et la médecin légiste Maura Isles en cette nuit de Noël à Boston.

Très vite l'enquête va les conduire jusqu'au Dr Joyce O'Donnell, une psychiatre controversée, membre aussi d'une organisation appelée Mephisto dont le but est l'étude et la chasse des démons. A-t-on vraiment affaire à l'un d'entre eux comme semblent le penser les adeptes du club ? Ou s'agit-il tout simplement d'un psychopathe d'une perversité extrême ?


Mon avis :

Fascinée par les mythes antiques, Tess Gerritsen nous plonge ici au cœur d'une histoire aux relents sataniques, basée sur le livre d'Enoch, écrit il y a plus de deux siècles avant JC. Des anges déchus auraient eu des relations sexuelles avec des femmes et engendré des créatures maléfiques appelées Nephilim. En insinuant que l'assassin pourrait en faire partie, l'auteure sème le doute dans nos esprits cartésiens. Après tout, comment expliquer qu'un être humain puisse être aussi inhumain en commettant des crimes aussi horribles ? A moins évidemment qu'il ne soit le Mal incarné. Même Maura, scientifique renommée, mais dont la foi est mise à rude épreuve à cause de sa liaison avec le père Brophy, est à deux doigts d'y croire.

Parallèlement à cette enquête, le lecteur suit Lily Saul. Le roman débute d'ailleurs par la mort de son oncle, il y a douze ans, qui va engendrer de bien tristes évènements qui la pousseront à fuir en Italie. Mais pour combien de temps ? On comprend très vite que la personne (ou l'entité ?) qui la recherche, la traque est mêlée à toutes ces atrocités.

Le côté satanique du roman créé assurément une ambiance glauque, inquiétante. Et la frontière entre le réel et le monde occulte est mince. Mais heureusement, les problèmes personnels de Jane et Maura plus terre à terre contrebalancent ces passages angoissants. A ce propos, je tiens à préciser, pour ceux qui sont fans de la série, que vous risquez d'être surpris par certains aspects de la vie privée des deux héroïnes qui sont légèrement différents. Par ailleurs, la complicité et l'humour qu'on peut ressentir à l'écran, sont ici plutôt absents. Le style de Tess Gerritsen, quant à lui, est très fluide et sait être détaillé lors d'autopsie ou de l'utilisation de termes médicaux.

⚠️ Attention ! Certaines scènes peuvent heurter les âmes sensibles.

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Publié chez Pocket (N°14548) en 2012
Titre original : The Mephisto club
Traduit de l'anglais par Philippe Savafi
Code ISBN : 978-2-266-20864-2
Ce livre est paru chez France Loisirs sous le titre "Mephisto Club".

Site de l'auteure : www.tessgerritsen.com

Note : ❤️❤️❤️🤍🤍

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16 novembre 2021

Six ans déjà de Harlan Coben

Il y a six ans, dans une résidence pour artistes à Kraftboro dans le Vermont, Jack Fisher fait la connaissance de Natalie Avery. Alors qu'il pense avoir trouvé enfin la femme de sa vie, celle-ci épouse Todd Sanderson à son grand regret. Depuis, comme promis, il ne l'a jamais recontactée. Mais lorsqu'il apprend récemment le décès de son mari, il se pointe alors à l'enterrement avec le secret espoir de la revoir et qui sait, pourquoi pas renouer avec elle. Là, il se rend compte que la veuve est une inconnue.

Intrigué, il décide de mener sa propre enquête et découvre en fait que Todd était marié à Delia depuis des années. Comment est-ce que cela peut être possible ? En voulant approfondir ses recherches, il va de surprise en surprise.

D'abord, les personnes sensées avoir connu Natalie qu'il interroge, ne se montrent pas très coopératives ou pire sont soudain frappées d'amnésie. Enfin, il n'est pas le seul à être à la poursuite de Natalie. Toutefois, malgré le danger, Jack est déterminé à mettre au jour la vérité.


Mon avis :

Une femme qui disparaît sans laisser de traces... Avec un peu d'imagination, on peut facilement deviner pourquoi. Reste à savoir alors comment la retrouver. Dès le début, le lecteur est pris dans le tourbillon de l'histoire. Les pages défilent à tout allure et apportent leur lot de rebondissements. Le style de Harlan Coben est efficace parce que simple, concis. Pas de perte de temps dans de longues descriptions ennuyeuses qui pourraient casser le rythme.

A cela vous ajoutez une petite pointe d'humour et vous obtenez un roman à la mécanique très bien rodée et surtout calibré pour une adaptation cinématographique. Les courses-poursuites et les bagarres sont d'ailleurs dignes de celles qu'on peut trouver dans les films d'action mais franchement un tant soit peu crédibles. Je pense notamment à la scène où Jack désarme Otto et se bat avec lui à l'arrière d'une camionnette entrain de rouler. Et je ne vous parle pas du moment où il assène un coup à Bob, le conducteur, qui perd le contrôle du véhicule.

Enfin, mis à part ça, c'est très divertissant et parfois drôle. Ça se lit d'une traite, sans prise de tête.

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Publié chez Pocket (N°16119) en 2015
Titre original : Six years
Traduit de l'anglais par Roxanne Azimi
Code ISBN : 978-2-266-25320-8

Site de l'auteur : www harlancoben.com

Note : ❤️❤️❤️🤍🤍

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07 novembre 2021

Au soleil redouté de Michel Bussi

Suite à un concours organisé par les éditions Astine, cinq apprenties auteures ont l'immense chance de gagner un séjour d'une semaine à la pension Au soleil redouté sur l'île d'Hiva Oa aux Marquises. Et tout ça sous la houlette de l'empereur du best-seller Pierre-Yves François, PYF pour les intimes.

Parmi les participantes, il y a :
- Clémence, une jeune femme au look de baroudeuse
- Farèyne, commandante au commissariat du 15e à Paris accompagnée de son mari Yann, gendarme
- Martine, une mamie belge, blogueuse littéraire influente et amoureuse de ses dix chats
- Marie-Ambre, mariée au père de Maïma qui a fait fortune dans la culture des perles noires
- et l'énigmatique Éloïse, qui passe beaucoup de temps à dessiner.


Au programme : écrire, écrire, écrire. Alors que le thème proposé lors de l'atelier porte sur la disparition, PYF se volatilise. On retrouve ses vêtements sur la plage. Et sous un galet noir marqué d'un enata, la liste des derniers souhaits (premier exercice d'écriture) que voudrait réaliser Martine avant de mourir.

Simple mise en scène de l'auteur pour stimuler les inspirations ? C'est ce que pense tout le monde jusqu'à ce qu'on découvre Martine, poignardée. Yann, secondé par la facétieuse Maïma, décide alors de mener l'enquête.


Mon avis :

Depuis le temps que j'entends parler de Michel Bussi, j'ai décidé de sauter enfin le pas avec "Au soleil redouté". J'avoue que la référence aux "Dix petits nègres" d'Agatha Christie et la Polynésie en toile de fond ont grandement contribué à mon choix. Et je n'ai pas été déçue. Le cadre est magnifique, le dépaysement garanti et les fantômes de Brel et Gauguin omniprésents.

Concernant l'intrigue, Michel Bussi est incontestablement le roi de la manipulation, des faux-semblants et de la supercherie. Les apparences ne sont pas vraiment ce qu'elles sont et certains protagonistes cachent bien des secrets. Je n'entrerai évidemment pas dans les détails au risque de faire quelques malencontreuses révélations.

J'émettrai toutefois un petit bémol concernant la construction narrative inhabituelle qui m'a un peu déconcertée et demandé un petit temps d'adaptation. L'auteur alterne, en effet, différents points de vue : le journal de Maïma et le récit de Clémence, tous deux écrits à la première personne auxquels s'ajoutent des passages à la troisième personne. Entre nous, ceux avec l'éditrice sont particulièrement savoureux et apportent une pointe d'humour.

Le découpage des chapitres peut lui aussi paraître un peu bizarre mais devient totalement compréhensible lorsqu'on connaît le dénouement. Dénouement que j'avais envisagé comme une possibilité. Mais comme le mobile m'échappait... le doute a persisté jusqu'au bout.

Enfin, j'aurais bien aimé, puisqu'il est ici question d'écriture et que cela aurait sûrement constitué pour l'auteur un fabuleux exercice, que les récits de Maïma et de Clem soient rédigés dans des styles beaucoup plus distincts. Que le lecteur puisse savoir ainsi tout de suite qui parle.

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Publié chez Pocket (N°18049) en 2021
Code ISBN : 978-2-266-31304-9

Site de l'auteur : www.michel-bussi.fr

Note : ❤️❤️❤️❤️🤍

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