1885. Eugénie Clery, jeune fille de bonne famille, a le don de voir les morts et de converser avec eux. Malheureusement, son père ne voit pas cela d'un très bon œil et pour éviter tout déshonneur décide de l'interner à la Salpêtrière dans le service des hystériques du professeur Charcot.
A son arrivée, des aliénées s'affairent à essayer des costumes. Elles sont toutes excitées car bientôt aura lieu le bal de la mi-carême où le Tout-Paris viendra les admirer.
Parmi elles, il y a Louise, une adolescente de 16 ans que son oncle a violée à 13 et Thérèse, une prostituée qui a poussé son proxénète, il y a 20 ans, dans la Seine et qui passe son temps à tricoter.
Geneviève Gleizes, l'infirmière intendante, qui voue un véritable culte au neurologue veille au grain. Cependant, celle qui d'ordinaire est cartésienne devient perplexe lorsqu'Eugénie évoque Blandine, sa soeur décédée.
Mon avis :
Saviez-vous que le mot "hystérie" venait d'un mot grec signifiant "utérus" ? Et qu'au XIXè siècle, pour soigner cette maladie "typiquement féminine", il suffisait simplement d'exercer une forte pression sur les ovaires ou d'insérer un fer chaud dans le vagin ?
Il ne faisait vraiment pas bon d'être une femme à cette époque. Si vous vouliez vous débarrasser de votre épouse ou de votre fille, il suffisait de l'accuser de comportement anormal pour pouvoir l'interner à la Salpêtrière avec la certitude qu'elle n'en sortirait jamais.
Après avoir été une prison puis un hospice, ce lieu est devenu un hôpital pour aliénées où l'éminent professeur Charcot, procédait une fois par semaine à une séance publique d'hypnose. Dans le roman, c'est Louise qui se prête à l'expérience. Celle-ci est fière d'avoir été choisie, ne se rendant même pas compte qu'elle n'est en fait qu'un objet de curiosité malsaine.
Le bal de la mi-carême où les patientes se déguisent et se maquillent est l'occasion lui aussi d'exhiber ces "folles" à tout le gratin parisien.
Basé sur des faits réels, "Le bal des folles" est le témoignage d'une époque que Victoria Mas a su très bien dépeindre. Elle y évoque de façon très documentée non seulement les balbutiements de la neurologie avec l'expérimentation notamment de l'hypnose pour déclencher des convultions, des crises d'épilepsie mais aussi les conditions désastreuses des femmes au XIXè.
C'est un livre poignant, émouvant, un véritable réquisitoire contre la toute puissance des hommes que je vous recommande chaudement.
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Note : ❤️❤️❤️❤️🧡
Toutes ses femmes sont attachantes. On ne peut s'empêcher de penser à toutes ses femmes qui ont souffert de la soi-disant supériorité des hommes.
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